vendredi 16 mai 2008

5. ouvrir le garde-robe

ouvrir le garde-robe pour
je ne sais pas encore
arriver à écrire peut-être
une réponse facile
nécessairement bête
mais encore le besoin de chercher plus loin
ailleurs comme en moi dans les fictions des autres

d’abord la porte fermée moi à distance
j’observe : un félin sa proie
dans l’ombre de la porte de la chambre de la maison de mon père
presque cachée derrière le temps
juste un œil qui sort dans la lumière
et je parle parle parle et je lis et m’ensevelis dans des mots camouflages
comprendre par les autres l’évidence sous mon nez
il faut me le dire, que je le refuse en premier
que ça devienne une idée venue de moi vous je vous oublie vite
ne me dites rien pour qu’il n’y ait pas de dettes

peu à peu peut-être sortirai-je de derrière la porte
m’avancerai au futur dans la pièce clair-obscur
tournerai de long en large autour de la porte close
poserai mes doigts sur le mur déjà sali
à hauteur d’un homme grand
ma main plus basse rasant le mur
les yeux clos je verrai tout sans ne rien savoir
et la ceinture et le bleu du cou et la langue qui pend et peut-être les lunettes sur le visage
et la chaise tombée et les mains pleines de peinture encore
sous l’ongle de l’index un éclat de mon mur
sur le mur une marque gravée d’ongle d’index
tout autour mes objets éparpillés sur le sol entassés sur les tablettes
les vêtements sur les cintres ou étalés le sol le lit
un chaos d’avant ma connaissance bien rangé pour me l’apprendre
je verrai tout ça avant d’ouvrir la porte très tard quinze ans plus tard

quand j’ouvrirai la porte il n’y aura rien; je le sais
ce n’est même plus le même garde-robe et pourtant oui
comme pour tous les métros du monde où du sang a giclé des corps tombés
le service est interrompu mais on sait : quand tout sera nettoyé il reprendra
pour nous leurrer qu’on ne voit rien
et même au téléjournal on n’en dira mot pour ne pas donner l’idée aux autres malades
laissant les survivants malades à leur tour de ne même pas
même pas une petite fois
montrer à tous la porte ouverte ou les rails maculés

braquer la caméra juste une petite fois
voir apparaître dans un fish-eye : ne pas y croire