jeudi 24 septembre 2009

Résistance

Au réveil, sa main encore glissée entre nos cuisses. Elle dort. Au creux du ventre, les monarques s’affolent. Les jours s’accumulent au bout de nos doigts. Huit, neuf, dix depuis que les regards se sont happés.
Mille inconnus entre nous. Même son odeur n’a pas fait son nid au creux des jours d’absence. On ne sait ni sa date de naissance ni ses fleurs favorites ni ses rides ni ses peurs.
On ne sait pas encore dormir avec elle contre nous.
On n’a rien dit de l’existence de la femme pendue. Pour la première fois, on a gardé secrète l’histoire de l’enfance. Il n’y a pas d’urgence; elle n’est pas partie pendant l’assoupissement.
On ne veut pas dire. On ne veut pas effrayer. On continue à pousser loin au bout de nos bras le cadavre suffoqué. On ferme les yeux en serrant les paupières.
Un jour, on dira.
Un jour, on apprendra qu’elle aussi a déjà été une enfant.

lundi 21 septembre 2009

Quiétude

Longtemps. Longtemps à pousser loin le souvenir d’elle et les images. On se dit : « une simple pause ». On se dit : « pour mettre à distance ». Se convainc d’avoir choisi.
Pendant l’entracte, derrière un nuage de fumée, un nouveau visage de femme s’est révélé. Pour la première fois, rien de furtif. On guette la disparition. Elle n’arrive pas. La peur de perdre s’enfle avec tout ce qui naît, puis meurt, à l’horizontale, au contact des lèvres quand les doigts s’emmêlent.
La peur devient vagues et ressac. On se laisse flotter. Emporter jusqu’à l’horizon noir des nuits d’automne.
Dans le silence des ses yeux fixés aux nôtres, la suspension du temps.
On soupire jusqu’à s’envoler la tête.