jeudi 29 octobre 2009

nuit

vers la brunante
noire écarlate
tes lèvres

attendre
dans tes yeux
le signal

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au profond de la nuit
ta voix
un souffle à peine
audible

haletante
des mots pour
éclore

doucement
le mauve des draps

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dans le noir du soir
un filet alto

là s’élève
la clarté des songes

tu te retournes

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vers l’aurore
entre rose et réveil
le murmure

ton bras sur
mon ventre offert

mercredi 28 octobre 2009

vers le vide

il faudra sauter inévitablement


en attendant
moi
j’hésite tout en bas
déjà épuisée
à force de demi-tours

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c’est muette que j’avance invisible pour moi-même, je mâche ma langue pour m’empêcher de dire que

non, je ne peux pas je dois me taire je ne sais pas pourquoi parce que tout le monde me force à parler tout le temps de

il y a quelque chose qui m’échappe comme quelque chose qui fuit mais je ne le trouve pas le trou qui laisse s’enfuir le

je voudrais que crier ce soit se taire

je pense à toi
ces mots de ton corps
interdits

pire encore
ceux du mien sur le tien
trop semblables

mes seins brûlent



à force silence, plus rien à dire
sauf
les yeux qui s’enfoncent
le cœur qui implose
et dans la gorge une boule de


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le sais-tu que demain
j'irai jeter mes mots
et je brûlerai au jour
ton visage en poèmes

ne tente pas de me retenir

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je rage j’avale je n’arrive pas à te crier au visage à cracher ma colère contre toi et l’effet de ton indifférence comme une rafale au visage un crachat sous l’œil droit quand je voudrais embrasser tes lèvres

et toi tu le sais tu le sens tout de moi transparaît dans mes traits
je ne suis pas ça pour toi et pourtant moi je m’effrite en même temps
le vois-tu au moins que je m’effrite de toi ?
le vois-tu que je meurs un peu plus chaque fois que tu me dis non, que tu me parles de lui ou d’elle ou de toi et que moi j’acquiesce
« Oui oui je comprends tu vas voir tu vas aller mieux, viens on va aller marcher, viens on va aller faire ce que tu veux tout le temps, tout le temps, non moi ça va ne t’inquiète pas »

mais je ne dors plus
je rêve à toi
le sais-tu

je deviens invisible inatteignable inadmissible
un nuage qui s’élève au-dessus de tout ce qui existe de tout ce qui se palpe
je suis intouchable
tu peux bien partir je m’en fous
va t’en c’est ça oublie-moi
je m’en fous tellement
va t’en
jusqu’à


« oui quoi c’est toi ça ne va pas viens prends ma main
on va aller marcher »


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j’ai encore craché
des mots en cascades
pour m’étouffer

j’ai couru au précipice
parce que la marche trop lente
oblige à réfléchir

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la chute n’a rien effacé
mais
le vertige m’a remplie de vide

peut-être que ma tête n’explosera pas

le fourmillement dans le ventre
était
une tristesse ivre

pendant un instant je n’ai plus pensé à toi


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j’ai tout effacé
jusqu’à la dernière trace
il ne reste que des phrases
et comme elles sont inutiles
console-moi

quand je crie
arrête le temps
du vertige en chutes libres

j’ai tout supprimé
jusqu’à tes mains
il ne reste que ton souffle
et comme il est court
ne me parle pas

serre-moi fort seulement
une minute
si ce n’est pas impossible

j’ai tout caché
jusqu’à demain
il ne reste que la marque
et comme elle s’estompe
allume une cigarette

tends-la moi
reste encore
je ferai du café
reste, je te le jure :
ne voudrai plus jamais sauter

reste
je te le jure
reste

et peu à peu
nous serons pris d’un grand éclat de rire

il faudra tout recommencer