tu t'englues dans un vertige innommable, insatiable, qui étouffe toutes tes pensées les plus secrètes, tu cherches des réponses à des questions qui n'existent pas parce que trop vastes, tu notes des mots sans penser à leur poids, tu tentes d'exister malgré, malgré l'absurdité, et d'écrire malgré le bruit autour et même si le soir il y a le silence qui résonne dans le silence dans tes oreilles dans ta chambre dans ton garde-robe, même si le soir tu as peur des portes ouvertes et des spectres, malgré les échos qui se répètent les uns les autres en canons infinis, encore, encore, 'core mille fois et malgré que tu te dises seconde après seconde que tout ça est peut-être vain et futile et ça recommence ce vertige, ce saut dans le vide, le sursaut à la lisière du sommeil, tu ne t'en sortiras pas plus que les autres, c'est inévitable et les paroles qu'elle a prononcées te reviennent sans cesse en tête comme un leitmotiv, elle a dit sans penser que tu l'entendais: «J'espère le plus tard possible» et tu as pensé: «Elle aussi elle veut vivre comme moi avec mille férocités, elle aussi elle voudrait l'occulter cette fin de la mort et jouir jusqu'à l'éternité» et tu as ressenti alors le vertige double, celui de sa perte un jour comme celui de tes parents et le tien, ton vertige à toi, celui de la certitude de ta perte à toi face à toi-même, tu sais qu'un jour tu ne regarderas plus rien, même pas les silos à grains rouillés par la fenêtre dans un coin de ciel et c'est terrible, terrible ce que ça te fait et tu te dis: «Il ne me reste qu'à écrire comme elle, pour peut-être laisser une trace, est-ce possible», et ça tombe bien parce qu'il n'y a que les mots placés en murs qui arrivent à clamer ton tourbillon, à boucher ton trou de vertige
mardi 1 avril 2008
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